Alternatives libres à Google Maps : stack souverain OpenStreetMap, GraphHopper & OSRM
1. Enjeux & limites de Google Maps
Google Maps est omniprésent : interface fluide, couverture mondiale, API riches (Directions, Geocoding, Places). Mais cette domination a un coût et pose trois problématiques :
- Économique : tarifs par requête en forte augmentation (tarifs officiels).
- Vie privée : tracking, collecte de données d’usage, dépendance au traceur Google Analytics.
- Souveraineté : données hébergées sur des serveurs propriétaires hors de votre contrôle.
Pour les organisations publiques, les ESN et les startups, ces verrous propriétaires peuvent nuire à l’agilité et au budget. Les alternatives open-source permettent de reprendre la main.
2. OpenStreetMap : données et gouvernance
OpenStreetMap (OSM) est une base géographique collaborative fondée en 2004. Son modèle distribué se distingue :
- Licence ODbL :
Copyleft sur les données, assure la redistribution des modifications (ODbL). - Communauté mondiale : plus d’un million de contributeurs, mises à jour continues via Planet Dumps.
- Écosystème : tuiles raster, vectorielles (TileServer-GL), services Overpass API et Nominatim (géocodage).
OSM est la pierre angulaire de votre stack : elle alimente GraphHopper et OSRM pour le routage, et des frameworks comme Leaflet et MapLibre GL JS pour l’affichage.
3. GraphHopper : routage multi-modal
GraphHopper (Java, Apache 2.0) propose un routage flexible :
- Profils personnalisés : voiture, camion, vélo, piéton, transports publics via GTFS (documentation).
- Optimisation de tournées (Vehicle Routing Problem)
via l’endpoint/optimization
. - Distance matrix (
/matrix
) et Map Matching (/match
) pour corriger des traces GPS.
GraphHopper se déploie en container (Docker Hub : graphhopper/graphhopper
) et s’intègre via son API REST ou le Java SDK, idéal pour des applications backend ou mobiles offline.
4. OSRM : routage haute performance
OSRM (C++, BSD License) se concentre sur la rapidité :
- Contraction Hierarchies (CH) : prétraitement pour répondre en millisecondes (repo GitHub).
- Algorithme MLD : nouvelle option
--algorithm mld
pour plus de scalabilité. - Endpoints riches :
/route
,/table
,/nearest
,/match
,/trip
.
OSRM excelle sur des scénarios à très forte volumétrie, comme des plateformes de covoiturage ou des systèmes de géofencing en temps réel.
5. Intégration front-end et API
Pour afficher et interagir avec votre stack :
- Leaflet : léger, extensible (Leaflet Routing Machine pour GraphHopper/OSRM).
- OpenLayers : support GIS, WMS/WFS, utile pour la gestion de couches multiples.
- MapLibre GL JS : rendu vectoriel WebGL, animations et styling dynamiques.
Exemple unifié :
const map = L.map('map').setView([48.8566,2.3522],13);
L.tileLayer('https://your-tileserver/{z}/{x}/{y}.png',{attribution:'© OSM'}).addTo(map);
L.Routing.control({router:L.Routing.graphHopper('YOUR_KEY')}).addTo(map);
6. Performance & scalabilité
Une architecture robuste comprend :
- Backends indépendants pour OSM-tiles, GraphHopper & OSRM.
- Load-balancing TLS/SSL via NGINX ou Traefik.
- Cache CDN (Cloudflare, Fastly) pour les tuiles statiques.
- Monitoring avec Prometheus & Grafana, collecte des métriques d’utilisation et SLA (Prometheus).
Cette séparation des responsabilités permet de scaler chaque composant indépendamment selon la charge.
7. Modèle économique & coûts
Contrairement aux API Google :
- Pas de facturation à la requête : coût de l’infrastructure (serveurs, bande passante) uniquement.
- Coûts maîtrisés : dimensionnez VM ou clusters Kubernetes selon vos pics.
- Maintenance évolutive : mises à jour OSM via diffs, scripts automatisés.
Sur un volume de 1 million de requêtes/mois, vous économiserez facilement plusieurs milliers d’euros par rapport à Google Maps Platform.
8. Personnalisation & souveraineté
Le véritable avantage du libre est la capacité à adapter :
- Styles de carte propriétaires (Mapbox Studio pour vectoriel, Mapnik XML).
- Couches métiers (zones de chalandise, périmètres réglementaires).
- Fonctions offline pour applications terrain.
Les données restent hébergées dans votre cloud ou datacenter, sans dépendance à un tiers.
9. Retours d’expérience
Plusieurs acteurs ont basculé :
- Collectivités territoriales : carte participative des pistes cyclables, MAJ 24 h vs 6 mois sur Google.
- Logisticien : réduction de 20 % du TCO sur l’optimisation de tournées (GraphHopper).
- Plateforme de mobilité : latence de 3 ms par itinéraire avec OSRM CH, vs 50 ms en API cloud.
Ces cas soulignent l’augmentation de l’autonomie, la suppression des vulnérabilités de tracking et la baisse des coûts récurrents.
10. Conclusion & prochaines étapes
En combinant :
- OpenStreetMap pour les données
- GraphHopper pour la flexibilité multi-modal
- OSRM pour la performance extrême
vous disposez d’un stack cartographique 100 % libre, souverain et évolutif. Pour démarrer immédiatement :
- Importer OSM et déployer votre serveur de tuiles
- Tester GraphHopper et OSRM en conteneurs locaux
- Intégrer via Leaflet ou MapLibre GL JS
- Automatiser la mise à jour des données et monitorer